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ABOUT

Qui etes-vous, Invader ? D'ou venez vous ?

Je me définis comme un AVNI, un Artiste Vivant Non Identifié, j'ai pris Invader pour pseudonyme et j'apparais toujours masqué. Je peux ainsi me rendre à mes propres expositions sans que les visiteurs ne soupçonnent mon identité ou ne remarquent ma présence même lorsque je me tiens à leurs cotés! Depuis 1998 j'ai dévelopé un projet de grande envergure qui répond au nom de code : Space Invaders.

En quoi consiste le projet Space Invaders ?

Il consiste tout d’abord à libérer l’Art de ses carcans que sont les musées et les institutions. Mais il s’agit aussi de libérer les Space Invaders de leurs écrans de jeux vidéo pour les amener dans notre propre réalité. Tout a commencé le jour où j’ai voulu donner corps au pixel en le remplaçant par des carreaux de mosaïques. L'idée de départ était de réaliser une série de "tableaux" mais j'ai rapidement réalisé qu'il s'agissait d'un matériau idéal à poser directement sur un mur. J’ai alors eu l'idée de déployer mes créations sur les murs de Paris puis des villes du monde entier. Chacune de ces pièces devient le fragment d'une oeuvre tentaculaire.

Quelle est votre strategie d'invasion ?
Quelles sont les regles du jeu ?

J'ai peu à peu mis en place un système consistant à me rendre dans les capitales du monde pour les "envahir". J'essaie en général de placer entre 20 et 50 pièces par ville, ce qui commence à être un bon score. Parfois, je me rends à plusieurs reprises dans une même ville, mettant ainsi en place différentes "vagues d'invasions" comme je les appelle. Le but, c’est d'augmenter mon score, et de poursuivre mes "invasions" inlassablement, partout et tout le temps... Pour ce faire, je n'ai pas de stratégie préétablie, mais je m’efforce d'évoluer et de me renouveler sans cesse, de garder une part d’inventivité dans ce très sérieux projet d’invasion artistique.

Est-ce de l'Art ? Un jeu ? des Graffitis ? Du Street Art ?

C’est tout cela à la fois, et bien d'autres choses encore.

Combien de personnes sont impliquees dans ce projet ?

Je me suis constitué une mini équipe qui m'aide à l'atelier mais cela reste très confidentiel. Même si c'est difficile à croire vu son ampleur, le projet "space invader" est le projet d'un seul artiste.
Il existe d'autres personnes à Paris ou ailleurs qui se sont mis à leur tour à poser des mosaïques dans les rues de leur ville. Ces initiatives sont tout à fait indépendantes de ma volonté mais il est agréable de constater que, d'une certaine manière, j'ai fait école.

Pourquoi avoir choisi les Space Invaders comme figure centrale de ce projet ?

Parce qu'il s’agit à mes yeux de l’icône parfaite pour symboliser notre époque qui, avec les technologies numériques, vient de franchir un cap. De plus, le fait que ces créatures soient pixellisées font qu’elles sont faciles à reproduire en carrelage. Et puis leur nom était vraisemblablement prédestiné pour le projet que je me suis fixé: ce sont littéralement des "envahisseurs d’espace" !

Taito - le detenteur des droits sur le jeu video "Space Invaders" n'a-t-il rien tente contre vous ?

Il s’est manifesté à quelques reprises mais sans vraiment me causer de soucis. D’une certaine manière, je travaille dans leur sens, plutôt avec eux que contre eux. Ceci dit, j’ai commencé à m’inspirer des véritables "Space Invaders" et d'une poignée d'autres jeux vidéo, pour rapidement me détacher de ces modèles en les transformant et en les faisant évoluer. Je me suis donc éloigné des quatre figures originales de Taito pour créer mes propres créatures. Par ailleurs, mon univers artistique est nourri de nombreuses autres références qui sont venues s’ajouter à ce répertoire. Par exemple, j’ai récemment réalisé une panthère rose, une Joconde ou un Peter Pan. Mon oeuvre est truffée de ce genre d'apparitions.

Comment choisissez-vous les emplacements de vos mosaiques?

C’est un élément essentiel du processus qui est totalement subjectif, il s’agit pour moi de trouver les points névralgiques des villes que je parcours. Cela prend beaucoup de temps, c'est un long travail de repérage. Je compare souvent cela une à acupuncture urbaine.

Comment operez-vous une fois dans la rue ? Les plaques de mosaiques sont-elles preparees a l'avance et pretes a coller ?

Cela dépend, j'ai développé toutes sortes de techniques qui me permettent de m'adapter aux différentes situations comme la fréquentation du lieu, l'heure de l'invasion, la taille de la pièce, la hauteur de son emplacement... etc. L’idée étant d’être le plus rapide et le plus discret possible.

Comment les oeuvres sont-elles fixees aux murs ? Comment reagissent les proprietaires ?

J'utilise du ciment ou des colles particulierement performantes. Il arrive que certaines pièces soient enlevées par un propriétaire mécontent ou par les services de nettoyage mais cela reste assez rare.

Rencontrez-vous des problemes avec les forces de l'ordre ?

Pas toujours. Cela se passe même parfois bien car il y a quelques amateurs dans leurs rangs mais, malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. Un de mes galeristes à l’étranger vient de faire 15 jours de garde à vue parce qu'il m'avait soutenu, et à l’heure qu’il est, je ne peux plus aller dans certains pays puisque j'y suis recherché. Par chance, il ne s’agit "que" d’art et je ne risque pas pour cela la peine de mort, ce qui serait pourtant la seule façon de m'empêcher de continuer ce travail !

Y-a-t-il un message derriere votre projet ? Est-il politique ?

Je n’ai pas de message à délivrer au monde et je ne suis pas non plus frontalement politique. Le geste est déjà politique en-soi puisque j'interviens dans 99% des cas sans autorisation. Pour le reste, je suis plus dans l'expérimentation artistique que dans la contestation. J’aime l’idée de décontextualiser l’art, de l’amener dans la rue, de surprendre les passants, tout en continuant à créer de nouvelles pièces. Tout cela laissera, je l’espère, une empreinte non seulement dans les rues de la ville mais aussi dans son histoire.

Les Space Invaders ne sont-ils pas retires ou voles ?

Ces derniers temps, je suis confronté à ce problème : un grand nombre de mes pièces sont arrachées, défigurées voire détruites par une poignée d’individus qui cherchent à en faire commerce. Vue la fragilité des carreaux de mosaïques que j’utilise, voler l’oeuvre qui est au mur est impossible. Leur technique consiste donc à détruire l'originale pour ensuite la recréer avec des carreaux achetés dans le commerce auxquels ils tentent de donner une patine ancienne. Puis ils revendent ces vilaines répliques en ayant détruit les originaux ! J’ai du mal à croire qu’il y ait des acheteurs pour acquérir ces morceaux de carreaux inauthentifiables alors qu'ils pourraient, pour le même résultat, aller chez Leroy Merlin... Cela éviterait cette vaine destruction qui n’apporte rien à personne à part aux voleurs et aux receleurs.

Tous les Space Invaders realises depuis vos debuts sont-ils archives?

Oui, absolument. Je les ai tous inscrits dans une base de données où figurent leurs photos, date de naissance, adresse ainsi que diverses infos. C’est devenu beaucoup plus facile avec le numérique. A mes débuts, je me ruinais en pellicule photo et je devais noter la localisation de chaque intervention à la main, il me fallait naviguer avec une carte de la ville et un carnet en poche.

Comment fonctionne le systeme des scores ? Est-ce que chaque ville a son propre score ?

J'attribue un score qui va de 10 à 100 points à chaque nouvelle pièce posée. Chaque ville possède donc son propre score qui correspond à la somme de tous les Space Invaders qu’elle abrite.

Quel est votre Space Invader le plus haut perche ?

Il se trouve à 2362 m d'altitude, à l'arrivée du téléphérique dans le village d’Anzère en Suisse. Il y a aussi bien sûr SpaceOne, la mosaïque que j'ai envoyée dans la stratosphère à environ 35 km au dessus du sol terrestre et, depuis le 12 mars 2015, le plus haut est incontestablement Space2, installé dans la station spatiale internationale lors de l'opération SPACE2ISS.

Et le plus bas ?

Il y en a deux et seuls les amateurs de plongée sous-marine peuvent les voir puisqu’ils se trouvent au-dessous du niveau de la mer, dans la baie de Cancun à Mexico. Ils ont été posés avec la complicité de l'artiste Jason deCaires, sur une série de sculptures de ce dernier.

Qu'est-ce que la Space Shop ?

C'est une boutique en ligne que j’ai ouvert à mes débuts où l’on pouvait acheter des éditions afin de m’aider à financer mes invasions. Aujourd'hui, la Space Shop me permet de diffuser des éditions qui sans cela seraient inaccessibles pour les fans des cinq continents.

Est-il possible d'avoir son propre "Space Invader" chez soi ? Comment acquerir une de vos mosaiques ?

La solution la plus économique est d'acheter soi-même du carrelage et de réaliser son space invader, ce n'est pas bien difficile et on peut trouver très facilement les mêmes carreaux de mosaïque que ceux que j'utilise. La deuxième solution consiste à s’offrir un "kit d’invasion". Il s’agit de l’édition d’un Space Invader en mosaïque prêt à l’emploi. Je les réalise à l'atelier et les vends sur la Space Shop. C’est à la fois un objet conceptuel et fonctionnel. Enfin, les collectionneurs d'art qui recherchent une pièce unique peuvent acquérir un "Alias". Il s’agit de l'exacte réplique d’un Space Invader posé dans la rue. Il n’existe qu’un Alias pour chaque Space Invader existant ou ayant existé dans la rue. Pour connaître les pièces disponibles, il faut contacter Over The Influence.

Participez-vous a des expositions institutionnelles, au musee ou en galerie ?

Oui, j’ai toujours mené de front mon travail dans l’espace urbain et dans des lieux institutionnels comme des galeries ou des musées. J'aime passer de l'un à l'autre, ce sont pour moi deux sources d'énergie très complémentaires.

Etes-vous toujours actif dans les rues ?

Absolument ! Depuis mes débuts, il s'est rarement passé une semaine sans que je ne pose une nouvelle pièce.

Le mot de la fin ?

Game not over

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