Laszlo Moholy-Nagy, A19, 1927
Dans toute son oeuvre, Moholy-Nagy fera de la lumière le pivot central. Il avait même créé une machine, le modulateur, pour produire des formes lumineuses projetées sur le mur. Même dans ses photomontages, qu'il appelle des "photoplastiques", on voit souvent de petits personnages en équilibre sur des lignes qui ressemblent à des rayons de soleil. Et dans ses peintures abstraites, Moholy-Nagy n'hésite pas à intégrer des matériaux sensibles à la lumière : des formes en verre, des morceaux de Plexiglas, qu'il fixe au-dessus de la toile. Ainsi le tableau varie au rythme des pas du spectateur.
Mais c'est avec les photogrammes que l'artiste trouve le moyen d'utiliser la lumière "de manière autonome, comme la couleur en peinture ou le son en musique". Sans utiliser d'appareil, il pose des objets trouvés - leurres, tubes, ressorts - sur une plaque sensible : naissent alors des formes mystérieuses, pures inventions formelles faites de transparences et d'opacités.
A la fin de sa vie, les expérimentations lumineuses enthousiastes de Moholy-Nagy se teintent de doute. Affecté par le conflit mondial, atteint d'une leucémie, le Hongrois peint Nuclear II : une boule ronde et colorée qui résume les ravages et la beauté de la lumière nucléaire.