« L'analphabète de demain ne sera pas celui qui ignore l'écriture, mais celui qui ignore la photographie. »

Laszlo Moholy-Nagy, Untitled Photogramme, 1929

Pour Lászlóla photographie n’est pas un medium spécifique, mais un moyen très général de l’expression artistique réformé. Il n’a guère de connaissances techniques de la photographie, il se définît avant tout comme peintre. Son credo artistique fait entrer la photographie dans un cadre strict de son objectif pédagogique, celui de la « Nouvelle Vision ». Aquarelliste et dessinateur autodidacte sous l'influence du suprématisme, il n'aborde initialement la photographie que sous l'angle de la collection d'images. Acquis au modernisme, proche de Dada, il pratique le photomontage et pense à une Nouvelle Vision comme pédagogie du voir dans un monde subordonné à la technologie. Avec ses premiers photogrammes, il partage la même vision et les procédés que Christian Schad et sa schadographie ainsi que Man Ray et ses rayogrammes, Moholy-Nagy les théorise comme enregistrements schématiques du mouvement de la lumière. Le vocabulaire formel suprématiste et constructiviste continue de s'exprimer dans ces images qui sont produites sans aucun appareil. Le mouvement électrique et la lumière artificielle son au cœur de son travail.

Il crée avec la lumière. « Je suis convaincu qu'un nouvel art de la lumière est en train de naître » Moholy-Nagy Les photos noir et blanc aux cadrages vertigineux de Moholy-Nagy n'ont jamais cessé de glorifier la photographie, de repousser les limites de la représentation du monde, « le clair-obscur se substituant au pigment ». Pour Moholy-Nagy, les contre-plongées, les constructions obliques, les jeux sur le négatif créent des visions inaccessibles à l'œil humain. Les scènes les plus simples frôlent soudain l'abstraction, un jardin déblayé par la neige est métamorphosé en un puzzle de formes géométriques. Avec les photogrammes, il trouve le moyen d’utiliser la lumière de manière autonome, comme la couleur en peinture ou le son en musique, il pose des objets trouvés, leurres, tubes, ressorts sur une plaque sensible pour faire naitre des formes mystérieuses, pures inventions formelles faites de transparences et d'opacités.

Dans toute son œuvre, Moholy-Nagy fait de la lumière le pivot central. Il créé une machine, le modulateur, pour produire des formes lumineuses projetées sur un mur. Ses photomontages, qu'il nomme « photoplastiques », de petits personnages sont parfois en équilibre sur des lignes qui ressemblent à des rayons de soleil. L'Amérique est pour lui une nouvelle terre d'accueil et il prend les rênes d'un nouveau Bauhaus implanté à Chicago. Mué en Institute of Design, son enseignement rayonne sur des photographes tels qu'Aaron Siskind et Harry Callahan.


« Les conventions, les règles définies du comment faire sont l’ennemi de la photographie » László Moholy-Nagy