Les artistes s'emparent de la machine !

La machine dans l'art traditionnel :





Le film Metropolis de Fritz Lang (1927) utilise des effets spéciaux mécaniques pour créer une vision futuriste et dystopique de la ville. Les machines symbolisent l'industrialisation et la tension entre l'homme et la technologie. Elle sont gages de travail harassant et inhumain pour la classe ouvrière, et permettent à la bourgeoisie de maintenir sa toute puissance. Déjà en 1927, l'industrialisation et la mécanisation rapide des sociétés occidentales questionnait les créatifs.





Dès le XVème siècle, Léonard de Vinci répertoriait dans ses carnets de nombreux croquis conceptuels de machines, en particulier de machines volantes, dont il était passionné.





La machine dans l'art contemporain :





La série de Josef Albers Homage to the Square, ou Homage au Carré (1950-1976), comprend plus de deux milles oeuvres. Le motif de trois carré imbriqués reste identique, seuls les coloris changent. Josef Albers affirme avoir choisi le motif du carré pour sa neutralité, afin que le spectateur puisse faire l'expérience de la couleur, sans distraction. Il utilise des moteurs pour créer des compositions visuelles changeantes, jouant sur de légers décalages. Ainsi, les machines deviennent un moyen d'explorer la perception humaine et la relation entre la couleur et la forme.





Les Méta-Matics de Jean Tinguely se déclinent en près de vingt exemplaires. Il réalise cette série entre 1955 et 1960. Ces machines à dessiner soulèvent un débat sur la place de l'artiste dans la création. Ce sont littéralement des oeuvres d'art qui produisent de l'art. La machine ici remplace complètement le geste primordial d’un artiste traditionnel : elle dessine, aléatoirement, à sa place.





Datée de 2016, cette œuvre témoigne d'une relation ambiguë entre l’homme et la machine. Ici, le robot possède des caractéristiques humaines, un geste humain, semblable à celui de l’artiste ou du travailleur. Il ramène inlassablement vers lui un liquide ressemblant à du sang, dans une vaine tentative de nettoyage. Commentaire sur l'absurdité de la condition humaine, la surveillance des populations migrantes, ou la violence du monde du travail, cette installation n'en finit pas d'interpeler. De surcroît, il s'agit de la première oeuvre robotique achetée par le Guggenheim de New-York.



Art et intelligence artificielle :





Edmond de Belamy (2018) est une œuvre appartenant au collectif Obvious, et issue d'une série représentant une famille bourgeoise, les Belamy. Ce nom, "Goodfellow" en anglais, fait référence au chercheur Ian Goodfellow, spécialisé en intelligence artificielle. Créée par l'algorithme GAN, elle questionne l'origine de la créativité en placant une machine dans le rôle de l'artiste, élargissant ainsi la définition de l'art. En effet, la formule mathématique apposée en bas du tableau, comme une signature, est en fait le code de l'algorithme/auteur GAN. De plus, il s'agit de la première oeuvre réalisée par une intelligence artificielle à être vendue aux enchères.





Depuis 2020,Refik Anadol a produit plusieurs installations audiovisuelles, Data Sculptures ou encore peintures 3D dans le cadre des Machine Hallucinations. En placant des électroencéphalogrammes (EEG) sur la tête de centaines de participants, Refik Anadol enregistre les signaux électriques de leurs cerveaux, équivalents aux souvenirs et aux pensées. Grâce aux algorithmes DCGAN, PGAN et StyleGAN il peut transcrire ces fluctuations en oeuvres d'arts gigantesques, poétiques et fascinantes.



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Sources :

Beaux-Arts Magasine, interrogations sur l'ia dans l'art

France Info

Méta-matic n°1

Machines à dessiner

Josef Albers Khan Academy

Can't Help Myself Sun Yuan et Peng Yu

Page Wikipédia sur Metropolis

Refik Anadol centre Pompidou de Metz

Le Monde, Patrick Tresset