Un cheval écrivain en dépression.. C'est la base de la série BoJack Horseman, qui n'est pas concentré sur le côté humoristique contrairement à ce qu'on pourrait penser.
On ressort de cette série étonné par la justesse de certains problèmes abordés (solitude, alcool..) mais bon ça reste quand même fun et décomplexé (avec tous ces personnages d'animaux loufoques : Mr Peanutbutter (le chien fou),
le chat agent etc..!). Une bonne découverte.
Le géant Netflix est arrivé sur le sol français le mois dernier et a frappé tout le monde. La concurrence d'abord, puis les spectateurs. Car en plus de proposer un large choix de séries, l'entreprise américaine a également ses créations originales. Tout le monde connaît House of Cards, mais qui s'est penché sur BoJack Horseman, série animée politiquement incorrecte et déjà culte ? Septième Sens, évidemment. Le cheval est un animal à part. Considéré comme la prolongation de l'homme pour son intelligence et sa sagesse, il peut aussi représenter le mal par sa nature imprévisible et démoniaque. BoJack Horseman, ancien acteur raté et alcoolique habitant dans une résidence trop grande lui, est le mixte parfait de ces symboles paradoxaux. Les spectateurs adoreront le détester dans un univers graphique pertinent et rempli d'animaux faisant la richesse de cette série désopilante. Mais si le rire est l'arme principal de BoJack Horseman, l'émotion et la sincérité de ce personnage participent aussi grandement au succès de cette création.
En plus de livrer des dénouements mémorables, la société américaine en prend pour son grade avec l'armée, les médias ou encore le show-business. Réservée à un public averti, l'œuvre de Bob-Waksberg n'a jamais peur d'aller trop loin et parvient par un comique de situation rudement maîtrisé à charmer son auditoire. Ne se contentant pas de créer une nouvelle histoire à chaque épisode, l'auteur réalise à travers ces douze épisodes un véritable arc narratif. Sa série prend alors un chemin inattendu et deux invités surprises s'invitent au récit : le drame et la maturité. Quand enfin, Aaron Paul (inoubliable Jesse Pinkman de Breaking Bad) s'ajoute au projet en prêtant sa voix au colocataire de BoJack, cela ne peut être qu'un gage optimale de qualité.
Avec cette troisième saison, "BoJack Horseman" vient côtoyer les sommets qu'elle touchait déjà lors de sa deuxième saison. Mémorable, bourrée d'épisodes aux concepts forts (un sublime et bouleversant épisode muet, un épisode se déroulant entièrement au restaurant entre BoJack et Princess Carolyn, un épisode entièrement centré sur BoJack et Sarah Lynn qui se défoncent, un épisode où BoJack passe son temps au téléphone avec le service client d'un journal auquel il veut se désabonner), cette saison séduit par ses propositions de narration audacieuses, venant apporter encore plus de profondeur à des personnages auxquels on s'attache tous, sans exception. Si BoJack est le plus fouillé de tous, hanté par certains de ses actes, son sentiment d'imposture et sa profonde tristesse, il faut bien reconnaître que Princess Carolyn, Mr. Peanutbutter, Todd et Diane confirment leur importance au sein d'une série toujours beaucoup plus intelligente et bouleversante qu'elle ne veut bien le laisser paraître. En dépit de son univers anthropomorphique, la série semble être plus proche de nous que jamais, atteignant des sommets d'émotion lorsqu'elle parle de la dépression, de la remise en question et de la quête du bonheur. Se visionnant avec un délice total, baignée dans une bande-originale particulièrement soignée (on a encore en tête celle de l'épisode muet), riche en idées aussi bien scénaristiques que de mise en scène), cette saison de haut vol confirme le caractère unique de la série qui se savoure décidément avec un plaisir rare et unique.