Bettina Rheims a passe un hiver en prison a
les photographier. C etait en 2014. Quatre
etablissements penitentiaires a Lyon, Poitiers,
Roanne et Rennes, l ont accueillie avec son equipe
et son studio improvise. Dans une piece exigue,
120 femmes ont pose pour elle et, sans que la
photographe ne le demande jamais, lui ont raconte
leur vie, leur crime, leurs amours, leurs enfants,
leur douleur, leur enfermement, leur solitude.
Eve schmit, Roanne, novembre 2014.
En prison, les femmes ne se regardent pas et une femme qui ne se regarde pas perd quelque
chose de profond en elle, a remarque la photographe.
Une solitude s installe et elles s y enfoncent.
donner une image d elle. Qu elles puissent se dire:
j existe.
Il y a quelque chose de la redemption dans cette
chapelle du XIVe siecle aux vitraux transperces
de lumiere. Grace a Bettina Rheims, les detenues
sont redevenues des femmes, ecrit Robert Badinter
qui a preface son livre Detenues. Chacune a
retrouve sa singularite et brise l uniformite
dans laquelle la vie carcerale plonge les detenues.
Niniovitch, Roanne, novembre 2014.
La scenographie volontairement moderne et industrielle de l architecte Nicolas Hugon a donne un ecrin de metal a chacune. Organisees en cenacle, elles regardent le spectateur ou peut-etre elles-memes, sans rien revendiquer, si ce n est le fait d etre la. A l ombre du donjon du chateau de Vincennes, qui fut un lieu d'enfermement pour des inconnus, comme elles, et pour d illustres prisonniers (Henri IV, Mirabeau ou le marquis de Sade), cest un symbole.
Du 1er juin au 4 novembre, l exposition,
portee par le Centre des monuments nationaux,
sera d ailleurs accrochee au chateau de Cadillac
qui, jusqu aux annees 50, etait une prison pour femmes.
Bettina Rheims a dit : Je suis tres fiere de ce travail,
j ai l impression d avoir ete utile, explique Bettina Rheims.
La prison, la perte de liberte ont ete de grandes peurs dans
ma vie. C etait une facon de les conjurer.
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