Les caravagesques utilisent de grands tableaux en largeur. Ils reprennent les sujets de la vie quotidienne : scènes de taverne avec des joueurs et des buveurs, concerts et diseuses de bonne aventure. Ils peignent les tableaux religieux à la manière de scènes de genre. Les personnages, porteurs d’un sentiment religieux humain et humble, sont des vieillards aux pieds sales, des soldats des bohémiens, des courtisans et de jeunes voyous. Ils portent des armures, des oripeaux, des rubans, des plumes et des instruments de musique.
Les compositions, d’une grande simplicité, opposent les figures surprises en mouvement comme par un instantané à d’autres, statiques. Les personnages présentés grandeur nature, à mi-corps ou en pied, se détachent sur le fond sombre et associent le spectateur à la scène représentée par l’absence de premier plan. Le Caravage traduit l’expression de ses personnages par les gestes, les attitudes et le jeu des regards. Les caravagesques y ajoutent les déformations du visage et la gesticulation. Les rouges, les bruns et les noirs dominent. La lumière, incidente, donne une valeur expressive au clair-obscur, fige l’action dramatique, révèle l’instantanéité du message et guide l’œil du spectateur vers l’essentiel. La couleur appliquée directement sans dessin préparatoire, alla prima (« en premier », en italien), remplace le dessin pour définir les gestes, les contours et les formes.